Notre jeune fondation a pour objet de soutenir Tivoli dans le développement de son Projet Educatif en lui donnant de nouveaux moyens d’agir. Après sa première année d’existence et au milieu de la crise que nous traversons, nous voyons aujourd’hui toute la raison d’être de cette fondation naissante au service de tous ceux qui fréquentent l’établissement.

 Compte tenu de la situation sanitaire, nous avons décidé de différer la campagne de sensibilisation prévue au printemps ainsi que les différentes manifestations qui devaient l’accompagner. Néanmoins, la fondation poursuit son activité et continue à recevoir des dons. En juin, elle procédera ainsi à une réestimation nécessaire du budget prévu.

 Les fonds disponibles et les recettes à venir serviront en priorité à aider les familles en difficulté (bourses tivoliennes, frais de scolarité, internat, restauration, etc…) qu’elles soient actuellement dans l’établissement ou inscrites pour l’année à venir.

 Le Comité de gestion encourage tous les proches de Tivoli qui le peuvent à maintenir cet effort de solidarité. Les fonds récoltés par la fondation au service de ceux qui en auront besoin témoigneront de cet élan généreux dont Tivoli a su se montrer capable au cours des épreuves qu’il a rencontrées par le passé.

 Confiants dans la force de notre communauté,

 

Christian Chevalier, président de la Fondation Saint-Joseph de Tivoli sous égide de la Fondation de Montcheuil

Louis Lourme, chef d’établissement de Saint-Joseph de Tivoli

« Faire tourner» l’établissement en période de confinement quand on est seul dans son bureau n’est pas une mince affaire. Et pourtant. Louis Lourme et Anne-Marie Turroques, les deux chefs d’établissements de Tivoli, sont bien présents pour leurs équipes, pour les élèves, les familles et les différents partenaires extérieurs, que ce soit le rectorat, le réseau jésuite, la mairie ou les différentes administrations qui veillent encore.

Cette période inédite si elle demande une attention de tous les instants restera aussi comme une expérience riche en enseignement, où la communauté de ceux qui fréquentent l’établissement s’est sentie unie et solidaire pour le meilleur. Des leçons utiles seront sans doute tirées plus tard de ce qui se vit en ce moment.

Anne-Marie Turroques a accepté de se laisser distraire de son temps très compté pour nous expliquer comment l’école « tourne » encore et pour nous donner ses premières impressions.

Dès que le confinement a été décrété, les professeurs du primaire se sont préparés au télétravail en préparant les paramétrages nécessaires pour que « ecole directe » soit opérationnelle dès le lundi

Tous les jeudis, en temps « normal », une messe est proposée à Tivoli à 12h50.

Pas question d’oublier ce rendez-vous en temps de confinement et d’établissement déserté. Un peu d’inventivité, beaucoup de patience et l’engagement de beaucoup ont eu raison de toutes les difficultés pour proposer à la communauté vivante que constitue Tivoli une « messe en ligne ». Cette messe « inventée » par Louis Lourme, le directeur, et Claude Charvet le supérieur de la communauté jésuite de Bordeaux, a non seulement répondu aux attentes de ceux qui fidèlement suivaient cette célébration en temps ordinaire mais a aussi rejoint un grand nombre de participants, élargissant ainsi la communauté priante des jeudis ordinaires.

Cette messe a été proposée via les réseaux sociaux tivoliens. Il est possible de s’inscrire si l’on n’a pas été invité ; il suffit d’en faire la demande. 

La création du « centre-audiovisuel » dans les années 70 a profondément marqué les pratiques pédagogiques de Tivoli. Des lieux dédiés (des salles d’étude transformées en studio télé), un budget, du personnel d’encadrement (responsable, comédien, technicien). Au fil du temps, l’établissement est resté fidèle aux intuitions qui ont présidé à cette révolution. Aujourd’hui, une petite équipe renoue avec le journal télévisé qui était diffusé à l’époque. Sylvain Morin, responsable du Centre Audiovisuel, Suzanne, élève de 6 ème et Inès, élève 5 ème ont accepté de nous raconter avec beaucoup de sérieux et d’enthousiasme ce «T.I.T, nouvelles générations» qui se met en place. Ils évoquent leurs premiers pas balbutiant et leur volonté de développer cette activité dont les effets sont au service  de tous.

« J’ai demandé à faire ma confirmation. Je suis en seconde. J’ai gardé un excellent souvenir de ma profession de foi et de la retraite à Lourdes qui l’a précédée. La Confirmation est une suite. Pour moi, c’est un rite: il est important de poursuivre, de continuer ce que tu as commencé. C’est comme un parcours. On « confirme » à chaque fois les vœux de son baptême, on redit à chaque fois que Dieu est là pour nous. On est entré dans un cercle, on se sent dans une bulle où on est protégé. On se sent mieux, on se sent plus fort parce qu’il y a quelqu’un qui sera toujours là pour nous.

C’est en fait très personnel, c’est difficile à faire partager, c’est difficile de mettre des mots dessus.»

Dans la Newsletter précédente, nous avons refait l’histoire de l’implantation des jésuites à Bordeaux et retracé « la vie des premiers Tivoli ». Nous en étions restés au Collège de la Madeleine, sis au coin de la rue du Mirail et du cours Victor Hugo, actuel Lycée Michel Montaigne. Nous découvrons aujourd’hui quelle ténacité et volonté éducative il a fallu déployer pour que vive encore le Tivoli que nous connaissons.

Une épopée solidaire riche d’Espérance…

A la fin du règne de Louis XIV, les effectifs du Collège commencent à baisser. La concurrence, l’appauvrissement du royaume et en particulier du port, des problèmes de recrutement, la révocation de l’édit de Nantes conduisirent les Jésuites de Bordeaux à s’adapter, et en particulier à créer un pensionnat dès 1701 dans Bordeaux, puis dans les locaux même du Collège en 1717. Le début du XVIII ^e siècle connaît un nouvel épanouissement. Dans les congrégations mariales, les associations plus restreintes dites « Associations des Amis » (Aa), favorisent le renouveau de vie catholique.

Mais l’esprit du Siècle des Lumières soufflait…

Le père Bernard Faivre est décédé dans sa communauté de Vanves le 26 février dans l’après-midi, le Mercredi des cendres Il était très affaibli et avait reçu le sacrement des malades la veille.

Nous avons reconstitué son parcours à partir de témoignages venant la plupart de Tivoli. Une biographie en fin d’article rédigé par un de ses compagnons retrace une riche « carrière ». Bernard Faivre était un homme discret, qui ne se mettait jamais en avant mais dont, on le voit maintenant, l’influence sur la pédagogie jésuite a été prépondérante ; à une époque qui était un moment crucial pour les collèges (les années 60), il a su s’entourer et faire prendre aux collèges jésuites un tournant capital vers  plus de « modernité ».

Il a dirigé plusieurs établissements. Il a été aussi le Délégué du père provincial pour l’éducation de la jeunesse tout en dirigeant Franklin dans les années 70. Educateur et accompagnateur tout en réserve, il s’est ensuite investi avec humilité et modestie dans des activités d’aumônerie en lycée.

Bernard Faivre rejoint le Collège Saint Joseph de Tivoli en 1958, comme professeur d’allemand. Après avoir prononcé ses derniers vœux, le 2 février 1961, il est nommé Recteur du collège. Il assumera cette fonction jusqu’en 1969.

Des Tivoliens ont témoigné, grâce aux « Amis de Tivoli », mêlant leurs réflexions admiratives et s’interpelant entre eux sur le ton potache

Sur le Monument aux morts de Tivoli situé en bonne place  à droite dans l’entrée quand on gravit le perron principal, on peut lire les noms des quatre frères Poisson, morts à la guerre de 14. Nous avons décidé de rappeler leur mémoire et d’enquêter pour savoir qui ils étaient, d’où ils venaient, ce qu’avait été leur parcours et quelle était cette famille éprouvée.

Une façon aussi de rendre hommage à tous ceux dont les noms se succèdent, morts dans les différents conflits à qui ce Monument rend un juste honneur Certains ont été rajoutés récemment, si l’on en croit l’état de la gravure et l’ordre alphabétique qui n’est pas respecté. Nous passons aujourd’hui devant sans bien les voir. Discrets anciens, ils témoignent dans l’ombre d’un engagement gratuit et sans retour.

Nous avons grâce aux Archives de l’établissement retrouvé leurs traces à travers un ouvrage et des documents émouvants jusqu’ici dispersés.

 Nous avons retrouvé un courrier d’Albert Poisson, leur père, qui renseigne une enquête adressée aux familles, dont les enfants sont « morts pour la France » en vue de constituer un « Livre d’or ». Le courrier est adressé au « Directeur De Saint-Joseph de Tivoli, 370 boulevard Wilson » (Tivoli était en 1920 hébergé par l’Assomption). Ce sont les quatre fiches renseignés et la lettre du père (7 février 1920) qui les accompagnait que nous avons retrouvés avec beaucoup d’émotion.

« Pour dire les choses simplement, le problème n’est pas la connerie, ce sont les cons. Les cons forment un problème bien plus délicat et bien plus important d’un point de vue philosophique que la connerie elle-même. Et si nous partons du principe que la connerie est l’un des principaux moteurs de l’Histoire, nous pouvons en déduire aussi que «l’on est toujours le con de quelqu’un»: vertige imparable. L’auteur, spécialiste de Spinoza, nous offre un kit de survie jubilatoire où il est fait appel au discernement pour maîtriser nos affects et des attitudes conseillées sont utilement mises en exergue. Chacun se retrouvera dans les situations évoquées, les dialogues entendus et les anecdotes. Si l’on compare avec l’expérience datée et localisée de sa grand-mère, force est de constater aujourd’hui une prolifération et une internationalisation des cons, que favorise en grande partie notre inertie. Lorsque, luttant, nous aurons épuisé tous les compromis, nous sommes invités non à la compassion mais à une sorte d’ouverture, inspirée par une altérité solidaire (mieux venue que le «vivre ensemble» et le «commun» dont on nous abreuve). Ce kit est aussi un outil de prévention qui nous protégera de la sournoise contagion. Nous privilégierons le chapitre qui traite des cons qui nous gouvernent, ayant la conviction qu’il y a là matière à enrayer l’épidémie de burn-out qui nous guette. A prescrire urgemment.

Daniel Casadebaig

Avec l’aimable complicité de la revue « Etudes ».